L’IA au service de la mémoire : Décrypter le passé esclavagiste de la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire, terre d’accueil aujourd’hui, porte aussi les stigmates d’un passé douloureux. Des milliers d’individus ont été arrachés à leur terre natale, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, pour être réduits en esclavage. Comment utiliser les outils modernes pour reconstituer cette histoire et préserver le souvenir de ces vies brisées ?

Les archives numériques : une mine d’informations inexploitée

Les registres des navires négriers constituent une source d’informations précieuse, même si elle reste partielle. L’IA peut nous aider à les déchiffrer et à les analyser, en contournant les difficultés de lecture liées à l’âge et à l’état des documents. Grâce aux techniques de reconnaissance optique de caractères (OCR) et de traitement du langage naturel (TAL), il est possible d’extraire des informations cruciales sur le nombre de personnes déportées, leur origine, leur destination et les conditions de leur voyage. Des projets de recherche utilisant l’IA pour analyser les archives sont en cours de développement, permettant d’obtenir des statistiques plus précises sur le trafic négrier.

Cartographie du passé : visualiser les routes de l’esclavage

L’analyse des données extraites des registres, couplée à des outils de cartographie, permet de reconstituer les routes de l’esclavage avec plus de précision. Cela peut mettre en lumière l’impact géographique de la traite négrière et aider à comprendre les liens entre les différents points de départ, les zones de transit et les lieux de destination des personnes déportées. Cette visualisation des données, interactive et accessible au plus grand nombre, permet de donner une dimension concrète et palpable à cette histoire souvent abstraite.

La « rivière de l’oubli » : un site à préserver grâce à la science des données

À Kanga-Nianzé, un lieu de purification rituelle précédant l’embarquement pour le Nouveau Monde, la tradition orale parle d’une rivière sacrée. L’utilisation de la télédétection par satellite et des données géospatiales permet de localiser et de préserver ce site patrimonial. En utilisant l’IA, les données satellitaires et les images aériennes peuvent révéler des indices archéologiques et les mutations du paysage au fil du temps. L’objectif est de mieux comprendre l’importance de ce lieu pour les populations concernées et de le protéger de manière durable. Ce site témoigne d’une étape importante du parcours des esclaves, de leur humanité et de leur espoir malgré les atrocités subies.

Conclusion : une mémoire pour l’avenir

• ✓ L’IA et la science des données offrent des outils puissants pour explorer et comprendre le passé esclavagiste de la Côte d’Ivoire.
• ✓ La préservation de la mémoire est essentielle pour construire un avenir plus juste et plus équitable.
• ✓ Les technologies numériques contribuent à donner une voix à ceux qui ont été privés de la leur.
• ✓ Les projets de recherche utilisant ces technologies doivent impliquer les communautés locales pour garantir un récit respectueux et pertinent.